« Netflix retrouve des abonnés, mais pas vraiment la croissance »


A Arlington, en Virginie, le 31 mars 2020.

On ne parle pas suffisamment des bienfaits du covoiturage. C’est en allant au travail ensemble dans la même voiture que Reed Hastings et Marc Randolph ont potassé l’idée de créer une entreprise de vente en ligne. Mais de quoi ? En 1997, les premiers DVD apparaissent, plus faciles à envoyer par la poste que les cassettes vidéo. Dix ans plus tard, Netflix célèbre en grande pompe l’envoi de son milliardième DVD.

Déjà star de la Bourse pour sa croissance spectaculaire, l’entreprise lance, cette même année 2007, un service de vidéo à la demande sur Internet. Seize ans plus tard, la firme annonce qu’en septembre 2023, le dernier DVD sera envoyé au dernier client. Entre-temps, elle est devenue le leader incontesté du visionnage de vidéos en ligne, le streaming. Ainsi va le cycle de la technologie, qui condamne ses acteurs à se réinventer tous les dix ans pour continuer à séduire les investisseurs, à grossir encore, ou mourir. Blockbuster, le roi de la location de DVD et principal concurrent de Netflix, a déposé le bilan en 2010.

La valorisation s’est effondrée

C’est pourquoi Wall Street, qui a porté au pinacle la valeur de Netflix, à plus de 300 milliards de dollars (273,6 milliards d’euros) durant le confinement de 2020, s’impatiente. Où est le renouveau ? Face aux assauts des concurrents Disney, Apple ou Amazon, Netflix a perdu, pour la première fois, 1 million de clients aux Etats-Unis, en 2022. Conséquence, la valorisation de l’entreprise s’est effondrée de moitié. Et ce n’est pas fini. Les résultats du premier trimestre, publiés mardi 18 avril, montrent que la société progresse encore en Asie (1,46 million d’abonnés en plus), mais seulement de façon très marginale en Amérique. Netflix retrouve des abonnés, mais pas vraiment la croissance.

« Il ne faut plus nous regarder seulement sur le critère du nombre d’abonnés, mais sur les indicateurs classiques de ventes et de profits », a déclaré l’entreprise. Elle fait valoir qu’elle gagne beaucoup d’argent, 1,3 milliard de dollars de bénéfice au seul premier trimestre, et qu’elle compte sur sa campagne de lutte contre la fraude, avec le développement des abonnements partagés, et sur l’introduction de la publicité, pour continuer à grandir.

Mais c’est une autre histoire, bien plus ennuyeuse que celle de la croissance à tous crins qui enthousiasme les investisseurs et justifie que Netflix vaille encore 15 fois plus cher que News Corp, l’empire des médias de Rupert Murdoch. Comme Apple, pour garder son rang, Netflix est condamnée à la réinvention permanente.



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Catégorie article Politique

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